Ces photographies participent à la constitution d’un corpus d’œuvres à révéler aux étudiants, autour de figures singulières et majeures, connues ou méconnues d’artistes qui ont fondé l’art du XXème siècle. Dans une perspective historique elle inscrit les enjeux de genre, actés par les gender studies dans les années 90, comme étant déjà actifs dans les pratiques artistiques photographiques notamment, plus anciennes, transgressives et ambigües.
Marcel Bascoulard est un personnage énigmatique, redécouvert il y a quelques années. Les œuvres qu’il troquait pour vivre ont été exposées à Paris, en 2015 à la Halle Saint Pierre (Les cahiers dessinés) puis en 2016 à la galerie Gaillard, dans une exposition rétrospective à Bourges en 2018 et à Punta della Dogana à l'occasion de l'exposition « Dancing with Myself » (2018). Bascoulard passa sa vie habillée en femme, de costumes qu’il dessinait et fabriquait lui-même. Voici ce que Mathilde Marchant écrit de lui : « De Marcel Bascoulard, l’homme errant, le clochard, la curiosité de Bourges, seront retenus les dessins, les photographies et la vie hors norme. Rebelle, curieux, sans-le-sou, cultivé, inconfortable, minutieux, anticonformiste et talentueux, une légende vivante en somme. Voici les quelques mots, souvent répétés, qui s’adressent à son égard : un père assassiné par une mère finalement internée dans un hôpital psychiatrique (1932) ; une maison abandonnée, une cabine de camion ou une cabane comme domicile (dès 1936) quelques cours aux Beaux-Arts ; des centaines d’encres de Chine de la ville berrichonne – de simples « gagnepains » chéris par les Berruyers ; des portraits photographiques en « tenue féminine » (dès 1942) ; des modèles de vêtements confectionnés par ses soins ; de nombreux poèmes ; un tricycle comme moyen de locomotion et une mort tragique (1978)… »
S’il n’a jamais appuyé sur le déclencheur, Marcel Bascoulard, le modèle-photographe, a orchestré et annoté avec minutie tous ses portraits photographiques tirés à un seul exemplaire et réservés aux intimes.