Cette photographie participe à la constitution d’un corpus d’œuvres à révéler aux étudiants, autour de figures singulières et majeures, connues ou méconnues d’artistes qui ont fondé l’art du XXème siècle. Dans une perspective historique elle inscrit les enjeux de genre, actés par les gender studies dans les années 90, comme étant déjà actifs dans les pratiques artistiques photographiques notamment, plus anciennes, transgressives et ambigües.
Man Ray réalise pour Jean Cocteau une dizaine de photographies du trapéziste Barbette (Vander Clyde, 1898-1973) qui « fit battre le cœur de nombreux esthètes et de poètes » dans les années 30. Artiste androgyne, il se produisait au Cirque Medrano, à l’Empire, à l’Opéra Music-Hall, l’Olympia et au Moulin Rouge. Il y réalisait son numéro d’acrobate et trapéziste en femme jusqu’au final où il dévoilait son travestissement. Fasciné par le personnage, Jean Cocteau le fit tourner dans le sang d’un poète (1930). Il lui consacre un ouvrage : « Le numéro Barbette », paru en 1926 dans une livraison de la Nouvelle revue française, illustré des photographies commandées à Man Ray.