Les quatre expositions de l’Acte 3 ont en commun l’amour du vivant. Elles manifestent une volonté d’expérimenter d’autres manières d’être attentifs à la complexité et l’intensité de la vie, et de spéculer sur l’avenir. Chacune propose de faire dialoguer les collections de l’École avec l’extérieur à sa manière.
Speed Dating propose une rencontre entre les peintres de l’atelier Nina Childress des Beaux-Arts de Paris et ceux des Beaux-Arts de Dresde (HfBK). Des œuvres emblématiques issues des collections des Beaux-Arts de Paris, primées dans le cadre du concours du Torse créé en 1784 et du prix Jauvin d’Attainville fondé en 1877, viennent perturber cette rencontre. Acqua Alta écrit le scénario d’un futur immergé sous l’eau, après l’apocalypse. Dans un monde contaminé où le vivant aurait refleuri de plus belle, A Single violet transplant suit les conseils de Silvia Federici, universitaire, enseignante et militante : «L’erreur est de se donner des buts inatteignables et de toujours se battre « contre » plutôt que de s’efforcer de construire quelque chose. ». Enfin, L’Appel dessine le paysage laissé par une meute d’artistes. Entre la forêt et la cabane, ce sont des présences/absences qui invitent à la déambulation.
L’Acte 3 du Théâtre des expositions est créé par la troisième promotion 2021-22 de la filière « Artistes & Métiers de l’exposition » des Beaux-Arts de Paris. Quinze étudiants artistes de l’École travaillent en groupes avec six commissaires associés à la filière pour accompagner et faire émerger des projets d’expositions. Mais plus que d’expositions stricto sensu, il s’agit surtout d’un processus, d’une recherche et d’un partage d’idées.
L’Acte 3 sera ponctué de nombreux événements : un speed dating pour artistes célibataires, des concerts, performances, lectures… Un livret commun, bilingue, les réunit pour les présenter.
L’identité visuelle a été conçue par Caroline Rambaud, Margot Bernard et Glenn Espinoza, étudiants de la filière.
Infos pratiques :
Vernissage le mercredi 2 février 2022 de 18h à 21h
Le passe sanitaire et le port du masque sont obligatoires.
A Single Violet Transplant
Entre toi et moi, nous savons très bien que c’est une bien plus grande traversée du désert que celle que l’on nous porte à croire. Toi tu as planté un grand pré vénéneux, cerné de violet et de crachats au sol. Tu es aussi la mère de chaque fleur que l’on croise sur ce parterre contaminé.
Lorsque je te demande pourquoi tu as choisi cette couleur, tu me réponds que ce n’est même pas une couleur primaire et que de ce fait cette couleur on ne la retrouve pas souvent dans la nature. Tu as choisi le violet car c’est une couleur en marge de l’arc-en-ciel, ça me fait penser à nous. Tu m’expliques que l’image est plus forte que le langage, c’est vrai pour toi qui parles avec les libellules et les abeilles. On entend les rumeurs électriques de chaque insecte, les mêmes que celles des soudures sur le métal. Les chutes et les aspirations des architectures en ruines, le bruit des rails qui tente de vous prévenir.
Tu m’expliques que le rêve de chaque artiste c’est de créer quelque chose qui change la manière de fonctionner de quelqu’un, j’en suis intimement convaincue. Tu connais tes œuvres seulement dans tes rêves et pourtant tu sais qu’elles verront le jour.
Ce sont tes filles et tes cheveux blancs, ce sont des grands cris étouffés de douleur. Ce sont les orties qui poussent aux pieds des grands terrains vagues près des logements sociaux.
Tu as les mains sales à cause de la cire et du plâtre, et tu laisses traîner tes chaussures. Mais les spectres d’hier tu les remplaces un à un. Tu regardes la pluie te laver les mains, tu sais que grâce à ton travail tout sera clair, que les barrières d’acier commencent déjà à se faire ronger par la cire molle. Aucun miracle seulement des pas les uns après les autres. Les battements des ailes des papillons gynandromorphes qui lavent l’air vicieux que les hommes crachent.
Je reçois une photographie d’une greffe de cœur, un cœur qui continue de battre dans une petite boîte en plastique. Après cette opération, le corps continue de fonctionner mais il fonctionne différemment. Tu continuais de me parler de cette image d’une greffe violette, tu n’a même pas pensé que ça voulait aussi dire rempoter des violettes pourtant tu parles anglais.
Sur une proposition d’Emma Passera, commissaire associée à la filière «Artistes & Métiers de l’exposition » avec Anousha Mohtachmi et Clara Midon, étudiantes de la filière.
Artistes présentés : Sofia Bonilla, Inès Cherifi, Mimosa Echard, Victor Gogly, Lucas Hadjam, Dylan Maquet, Clara Midon, Anousha Mohtashama, Winnie Mo Rielly, Francisco G. Pinzon Samper, Séquoia Scavullo et un anonyme.
Acqua Alta
Paris 2019,
L’Agence de l’innovation de défense, l’État-major des armées, la Direction générale de l’armement, des relations internationales et de la stratégie sont à court d’idées. À quoi ressemblera le monde dans trente ans ? Et dans soixante ans ? Par où la menace arrivera-t-elle ? Par la mer ?
Oui, probablement. Les eaux ont déjà commencé leur lente et terrible ascension. Qui peut dire ce qui se produira lorsque la face des continents aura changé ? Personne. À moins qu’une infime portion de la population puisse faire preuve de clairvoyance.
Ainsi, répondant à l’appel, auteurs de science-fiction et artistes rejoignent le groupe d’experts scientifiques et militaires déjà constitué. L’équipe est au complet. Nom de code de la mission : Acqua Alta. Leur but ? Écrire des scénarios, produire des artefacts, et surtout mettre à mal l’armée en prévoyant le futur de la guerre et des révolutions. Ensemble, ils écrivent le scénario des événements qui se produiront lorsque les océans et les mers envahiront les rives de nos continents. La réunion vient de s’achever, tout le monde reprend son souffle près de la machine à café.
L’exposition s’inspire de faits réels.
Sur une proposition de Grégoria Lagourgue, commissaire associée à la filière, accompagnée de Jean-Baptiste Georjon, Mara Thevenet, Caroline Rambaud, Clarisse Marguerite, Joséphine Berthou, Amandine Massé et Margot Bernard, étudiants de la filière « Artistes & Métiers de l’exposition ».
Scénographie par Julien Calas, Coralie Coralie Gérardin et Raphael Tétreault-Boyle, étudiants de l’École supérieure d’architecture Paris-Malaquais.
Artistes présentés : Clarisse Aïn, Gilad Ashery, Quentin Chambaz, Armand Corcelles, Frederik Exner Carstens, Anna Massiot, Para Data, Chloé Cordiale, Mathieu Sauvat, Liv Shulman, Radouan Zeghidour et des anonymes.
L'Appel
« Je crie au loup.
Loup y es-tu, m’entends-tu ? »
L’exposition L’Appel reprend le titre de la nouvelle de Jack London publié en 1903 : The Call of the Wild. C’est l’épopée d’un chien d’attelage dans le Grand Nord arctique, durant laquelle les traversées des forêts sauvages réveillent en lui son instinct de loup.
L’appel se manifeste de manière immatérielle et sensible. C’est le sentiment d’être traversé par un élément aussi invisible qu’indescriptible. Dans le récit, l’appel est le hurlement du loup. Il provoque sur le chien une force inaltérable qui le mobilise à suivre la meute dont chaque jappement le happe. Telle la nécessité d’un retour au primitif.
Dans l’exposition les chiens sont seuls, mélancoliques, à l’affût ou rassemblés lors d’une chasse à courre au cœur des bois. La posture du chien est convoquée par un appel sourd du loup entre les photographies, comme s’il se cachait quelque part. Il en est de même pour la présence d’autres animaux sauvages : vaporeux ou dissimulés.
Enfin, de prime abord inapparente la présence humaine est réelle elle aussi. Car derrière les chiens, eux-mêmes derrière les loups, il y a quelqu’un. La forêt et tout ce qu’elle enveloppe nous font signe. Son silence est un leurre car l’appel, aussi mystérieux soit-il, provient aussi de simples déplacements, frôlements, regards et frissons. Seuls dans les bois, tous les regards sont sur nous et nous les regardons tous aussi : visiblement invisibles.
Sur une proposition d’Eugénie Touzé, commissaire associée de la filière, assistée de Margot Bernard, Zoé Bernardi, Amandine Massé et Fanny Irina Sinecoindin, étudiantes de la filière «Artistes & Métiers de l’exposition ». Avec la collaboration d’Anne-Marie Garcia, conservatrice des photographies et des estampes, responsable des collections aux Beaux-Arts de Paris.
Artistes présentés : Dorine Bernard, Margot Bernard, Mathilde Cazes, Louise Covillas, Myriame El Khawaga, A. Foncelle, Pauline de Fontgalland, Agnès Geoffray, Victor Giannotta, Arthur Guespin, Hélène Janicot, Henri Langerock, Luc-Andréa Lauras, Vincent Laval, Louise Le Pape, Jules Lobgeois, Tamara Morisset, Céleste Philippot, Alexandre Poisson, Eugénie Touzé et des anonymes.
Speed Dating
L’exposition Speed Dating est le fruit de rencontres picturales encadrées par un protocole imaginé entre les étudiants de l’atelier Nina Childress aux Beaux-Arts de Paris et les Beaux-Arts de Dresde (HfBK).
Conçues spécialement pour l’exposition, les peintures sont associées en diptyques de même format afin d’initier un dialogue fertile entre ateliers français et allemands. Si ces rapprochements paraissent de prime abord formels, ils participent d’une « esthétique de la rencontre », où chaque rendez-vous finit par révéler, en miroir, des facettes insoupçonnées des tableaux appairés. Leur possible complémentarité relève d’une expérimentation curatoriale collaborative de plusieurs jours qui vise à éprouver l’entrelacement de leurs références, styles et techniques respectives.
Dans un espace d’exposition pensé comme une arène romantique sans cesse reconfigurée, les spectateurs deviennent les témoins, - et seuls juges - de relations qui peuvent être tant prometteuses que vouées à l’échec.
Des œuvres issues des collections des Beaux-Arts de Paris, primées dans le cadre du concours du Torse créé en 1784 et du prix Jauvin d’Attainville fondé en 1877, prennent part à ces échanges et offrent une vision transhistorique du traitement d’un motif imposé mais constamment réinterprété au fil des siècles.
Sur une proposition de Vincent Enjalbert et Violette Morisseau, commissaires associés de la filière, accompagnés de Charline Gdalia, Clarisse Marguerite et Fanny Sinecoindin, étudiantes de la filière «Artistes & Métiers de l’exposition ».
Atelier Nina Childress, Beaux-Arts de Paris : Eilert Asmervik, Juliette Barthe, Adrien Boris, Marius Buet, Louis Clozier, Carolina De La Roche, Anabel Dubois Gance, Blair Ekleberry, Mina Ferrari, Olivier Lepront, Violette Malinvaud, Marie-Cécile Marques, Samya Moineaud, Laure Pinard, Mathilde Puig, Lou Olmos Arsenne, Rose Ras, Angèle Rose, Lea Simhony et Gabrielle Simonpietri.
Hochschule für Bildende Künste, Dresde : Sofia Antoniadou, Anna Ditscherlein, Lena Dobner, Nima Emami, Carolin Israel, Eric Keller, Joo Young Kim, Jana Lütkewitte, Maria del Mar Sánchez Expósito, Lena Melis Koneberg, Annike Nannt, Lucas Oertel, Katrina L. Pennington, Ana Pireva, Aren Shahnazaryan, Sarah Steuer, Lea Tofharn, Quang Tran, Jan Christoph Wagner, Felina Wießmann.
Avec Mohammed Abou-Kalam, Louis Anselme Grosdidier, Suzanne-Emma-Aline Deguy et René-Marie-Joseph Castaing.