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Pietro Berettini, dit DA CORTONA (Rome, 1596 – 1669)

Dieu le Père entouré d’anges tenant les instruments de la Passion, plume, encre brune, lavis brun, 13,6 x 24,5 cm, EBA 11273

 

Entré en 1609 à Cortone dans l’atelier du florentin Andrea Commodi, Pietro suit son maître à Rome en 1612. L’étude assidue de l’antique, des fresques de Raphaël et le regain d’intérêt à Rome pour la peinture vénitienne dans les années 1620 sont à la source de l’art de Pierre de Cortone, appelé à devenir l’un des représentants les plus célèbres de la peinture baroque romaine. L’Enlèvement des Sabines de 1629 (Rome, Pinacoteca Capitolina), tout en mouvement et en action, peint dans un coloris clair et doré, en est le manifeste. Les liens que Cortone noue avec Marcello Sacchetti, Cassiano del Pozzo et les Barberini – dont le pape Urbain VIII – lui permettent d’obtenir de prestigieuses commandes : l’Histoire de sainte Bibiane peinte à fresque dans l’église homonyme (1624-26) ou Le Triomphe de la Divine Providence, immense plafond commandé par le pape Urbain VIII pour son palais romain, exécuté de 1632 à 1639. Auteur de nombreux tableaux de chevalet ou de galerie (galerie La Vrillière à Paris), il démontre son talent de décorateur à Florence (palais Pitti) et à Rome (Chiesa Nuova, palais Pamphili). Au début des années 1660, il travaille pour les cartons des mosaïques des coupoles de Saint-Pierre. Sa dernière période est enfin marquée par une intense activité d’architecte. Cortona a également formé de nombreux artistes – de Ciro Ferri à Lazaro Baldi, des Gimignani aux Cortese – qui ont dominé la vie artistique romaine de la seconde moitié du XVIIe siècle.

 

Très abouti, ce dessin représentant Dieu le Père entouré par les anges tenant les instruments de la Passion est une découverte récente. La mise en scène, le traitement souple et expressif des draperies, sont caractéristiques de l’art de Cortone des années 1630-1635. Ciselant les volumes avec la plume, et supprimant pour ainsi dire l’espace autour de ses figures principales, Cortone obtient une véritable densité, créant l’atmosphère surnaturelle qui convient à une scène exaltant la divinité suprême. L’artiste accorde toute son attention à la figure de Dieu le Père, véritable type cortonesque avec sa chevelure ébouriffée et la draperie flottante. Les rehauts de lavis confèrent aux draperies et aux visages le sens théâtral qu’affectionne le peintre.

 

Si l’attribution à Cortone est certaine (elle a été confirmée par J.M. Merz), il n’en est pas de même pour l’iconographie et la destination de l’œuvre. Il s’agit ici probablement d’un projet fini pour une œuvre peinte mais jamais réalisée. Le traitement correspond à celui d’une œuvre de présentation et non d’une simple ébauche ou étude, d’autant plus que l’artiste a pris soin de délimiter d’un trait de plume circulaire la partie supérieure du dessin, ce qui sous-entend que le dessin a été construit dès l’origine comme une lunette. Par ailleurs, l’iconographie est un peu particulière car les anges portant les instruments de la Passion sont en général associés avec la figure du Christ et beaucoup plus rarement avec celle de Dieu le Père.