Les Beaux-Arts de Paris viennent de commencer la restauration d'une des plus précieuses œuvres conservées dans ses collections : la Trinité aux Chanoines, peint pour Notre-Dame de Paris par le Maitre de Dunois dans la première moitié du XVe siècle.

 

L’histoire de cette œuvre est tout à fait extraordinaire : après avoir fait partie du musée des Monuments français d’Alexandre Lenoir, elle est restée pendant plus de 70 ans dans le grenier de son fils, l’archéologue Albert Lenoir qui, en tant que secrétaire, résidait à l’Ecole des beaux-arts. Lorsque celui-ci retrouve en 1884 par hasard ce panneau de bois, l’origine de l’œuvre, la date de sa réalisation, son auteur et son iconographie ont été complètement oubliés. Ils le restent pendant encore plus d’un siècle : ce n’est qu’en 1999 que son lien avec les chanoines de Notre-Dame de Paris et son attribution au maître de Dunois sont remis au jour.

 

Cette œuvre, conforme à l’iconographie de la Trinité établie au XVe siècle (le père en majesté, le Christ et le saint esprit sous la forme d’une colombe), est en réalité un portrait de groupe puisque les personnages entourant la Trinité représentent les chanoines de Notre-Dame. Elle est aujourd’hui considérée comme l’un des rares exemples subsistants de la peinture parisienne de la première moitié du XVe siècle.

 

Au mois d’octobre 2020, l’œuvre a été transportée au Centre de recherches et de restauration des Musées de France (C2RMF) pour être examinée avant sa restauration. Contrairement aux autres peintures parisiennes de cette époque, elle n'a, semble-t-il, pratiquement pas fait l'objet de restauration depuis l'époque d'Alexandre Lenoir et constitue pour cette raison un extraordinaire témoignage de la pratique picturale de cette époque. Son étude matérielle par le C2RMF va donc permettre d'éclairer de façon plus que significative la connaissance des tout débuts de la peinture française.

 

Le travail de restauration a été confié à Emanuela Bonaccini pour la couche picturale et Jonathan Graindorge-Lamour pour le support. Un petit comité autour de ce projet de restauration a été constitué, comprenant outre l’expertise du C2RMF - Matthieu Gilles, Elisabeth Ravaud pour le rapport d’étude - ; et du service des musées de France - Laetitia Barragué-Zouita-, des spécialistes de la peinture des primitifs français - Philippe Lorentz, Université de Paris-Sorbonne, Sophie Caron, musée du Louvre, et François-René Martin, Les Beaux-Arts de Paris.