Pierre-Alexandre Savriacouty, étudiant, Dove Allouche, Hicham Berrada et Mimosa Echard, artistes-professeurs des Beaux-Arts de Paris, sont parmi les résidents lauréats de la première édition de la Villa Albertine.

 

Après la Villa Médicis, la Casa Velasquez et la Villa Kujoyama, la France se dote d’une nouvelle institution culturelle en réseau qui renouvelle le concept de résidence. Implantée dans 10 grandes villes des États-Unis (Atlanta, Boston, Chicago, Houston, Los Angeles, Miami, New York, Nouvelle-Orléans, San Francisco, Washington DC), la Villa accueillera 60 résidences d’exploration par an dans l’ensemble du territoire américain. Ces résidences sur-mesure, d’une durée d’un à trois mois, sont destinées à des créateurs de toutes disciplines, des chercheurs mais aussi à des professionnels du monde culturel.

 

Pour épouser l’immensité et la variété du territoire américain, mais aussi pour répondre de manière individualisée aux attentes des résidents, la Villa Albertine rompt avec le modèle historique des Villas (un bâtiment unique dans une seule ville). Accompagnées par une équipe de 80 personnes, les résidences de la Villa Albertine ont vocation à multiplier les échanges avec la société et l’écosystème créatif américains, et ainsi à nourrir un projet de recherche artistique et intellectuelle, et créer une communauté au service des arts et des idées.

 

Pierre-Alexandre Savriacouty, en résidence à Chicago

En partenariat avec les Beaux-Arts de Paris, Pierre-Alexandre Savriacouty est un artiste franco-malgache diplômé des Beaux-Arts de Montpellier et actuellement étudiant de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Lauréat de la première édition du Prix Sarr 2021 qui associe les Beaux-Arts de Paris et la Sarr collection, il est invité en résidence à Chicago. Son projet porte sur les milieux aquatiques des grands lacs et englobe des enjeux sociaux et environnementaux. Pierre-Alexandre travaille sur l’altération de la matière par le temps et le changement climatique, la disparition, la mémoire des lieux, la pétrification, ainsi que sur la capacité de l’eau à pouvoir révéler, ressusciter ou détruire. Il souhaite prolonger ce travail à Chicago et proposer une histoire à la fois sociale, spirituelle et géologique des grands lacs ; une autre lecture sans hiérarchie entre les espèces et les organismes vivants ainsi qu’entre les mémoires individuelles et collectives.

 

Dove Allouche, en résidence à Houston et Marfa

Depuis plusieurs années, Dove Allouche a entrepris une œuvre qui a souvent pour origine ses nombreuses collaborations avec des scientifiques.  Lors de sa résidence, il s’intéressera aux premières molécules prébiotiques, d’origine cosmique. Elles constituent l’une des hypothèses privilégiées pour expliquer l’apparition du vivant sur notre planète. Par quel processus créateur la vie a-t-elle pu naître d’une matière inerte ? Et comment, à partir de cette même matière, produire des œuvres qui n’incarnent rien d’autre que leur seule apparition ? À Marfa, lieu idéal pour l’observation céleste, Dove Allouche envisage d’initier de nouvelles recherches en astrobiologie afin de produire des images en laboratoire, directement issues d’échantillons organiques.

 

Hicham Berrada, en résidence à Miami

Les installations de l’artiste franco-marocain Hicham Berrada mélangent subtilement art et science, en modifiant les paramètres physiques d’un milieu(pH de l’eau, température, luminosité, pression de l’air), pour créer les conditions nécessaires à l’émergence du résultat plastique escompté. À Miami, l’artiste poursuivra sa recherche sur la morphogenèse, définie comme l’étude des lois qui déterminent les formes dans la nature. Hicham Berrada observera les coraux dont les formes bousculent la limite entre genre animal, minéral et végétal. Il se penchera plus particulièrement sur une nouvelle espèce de corail résistant aux pollutions, résultant de l’hybridation de deux espèces menacées, et rencontrera les chercheurs qui essayent d’adapter les coraux à un environnement que l’action humaine a modifié.

 

Mimosa Echard, en résidence à Miami

Mimosa Echard s’intéresse à la création d’écosystèmes hybrides où le vivant et le non-vivant, l’humain et le non-humain cohabitent. Ses œuvres explorent des zones de contact et de contamination entre des objets organiques et des objets de consommation, des éléments que nos conventions culturelles peuvent percevoir comme ambivalents, voire contradictoires. À Miami, ville qui se construit frénétiquement sur l’eau, Mimosa Echard entend explorer les superpositions culturelles, sociales et politiques qui constituent cet espace urbain contrasté : espaces naturels protégés et anéantis, buildings flambant neufs et shopping malls, quartiers résidentiels labyrinthiques et villas de luxe ultra sécurisées.

 

 

 

Crédits photos : droits réservés, Hugo Aymar, Aude Wyart, Camille Vivier