Les Amis des Beaux-Arts ont décerné trois bourses de 5.000 euros chacune à 3 jeunes artistes :
- Olivier Bémer, diplômé 2018 (bourse Montres F.P. Journe)
- Tania Gheerbrant, diplômée 2017
- Hatice Pinarbaşi, diplômée 2019
Olivier Bémer est né à Paris en 1989 où il vit et travaille. Il a participé à plusieurs expositions collectives, notamment lors du Prix Emerige 2019, au Fresnoy Studio National, au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris, dans la Grande Halle de La Villette ainsi qu’au Palais des Beaux-Arts de Paris. L’écran constitue le médium principal de sa pratique qui oscille entre images fixes et animés, son, texte et interactivité. Son travail interroge le rapport que nous entretenons avec les objets techniques et cherche en particulier à déconstruire une vision fantasmée de la technologie en la présentant non pas comme une solution mais comme le symptôme de notre profonde inadaptation.
Tania Gheerbrant a été diplômée des Beaux-Arts de Paris, en juin 2017 - atelier Ann Veronica Janssens. Elle a récemment présenté son travail lors d’un solo show à la Cité internationale des Arts (2021), d’un duo show au Centre Culturel Tchèque (2020) et de différentes expositions collectives en France et à l’étranger : Palais des Beaux-arts de Paris (2021), Le point Commun (2021), La villa Radet (2019) ; La Panacée MoCo, Montpellier (20 19) ; DUUU Radio (2019) ; In Plano, Île-Saint-Denis (2019) ; The Other Art Fair, Turin (2018), Palais Bondy, Lyon (2018) ; Le Wonder/ Liebert, Bagnolet (2018) ; ou à la Zoo Galerie- Espace Delrue, Nantes (2017).
Tania Gheerbrant est lauréate du programme de résidence à la Cité Internationale des Arts (2020-2021) et co-fondatrice de l’artist-run-space In plano sur l’Île-Saint-Denis.
Elle participe également au programme Orange-Rouge pour la saison 2020-21.
Les peintures et les installations picturales d’Hatice Pinarbaşi incarnent une langue étrange peuplée de signes récurrents : des motifs végétaux, des lettres romaines, des yeux, des escargots, des spirales, des vêtements ou encore des chaussures. Cette langue est physique, elle prend l’espace, du sol aux murs sans oublier les airs. Peinture sur objets, peinture sur tissus, tissus peintures, cartons colorés, motifs dessin. Rien n’est sacralisé. Tous les éléments sont pensés en relation pour tendre vers une oralité des formes, des couleurs et des signes. L’artiste fabrique une langue squatteuse, bavarde, quasi inaudible, faussement indélicate. Une langue performative au creux de laquelle Hatice Pinarbaşi crypte un récit autobiographique situé, critique et magique. L’artiste compose avec ses origines et les réalités (économiques, culturelles et sociales) de son quotidien. Au fil des œuvres, la dimension magique et spirituelle s’affirme. De sa part kurde, elle injecte la pensée animiste, les pratiques sorcières, le nomadisme et la pensée ouverte des Alevis (la branche hippie de l’Islam). Les signes, les matières et les couleurs sont chargés d’un pouvoir troublant. L’artiste fabrique une langue volontairement déstabilisante et résolument politique. Une langue en mouvement dont chaque élément peut adopter un autre statut, une autre position, une pluralité de sens. Une langue transitoire, crade, qui se fout bien de séduire ou de dégoûter. Une langue qui prend son temps et qui déborde spatialement pour chambouler notre relation au vivant. Une langue adressée aux visibles comme aux invisibles, aux terrestres dans leur ensemble – sans hiérarchie, sans privilège. Hatice Pinarbaşi, dont l’alter ego est l’escargot (une créature discrète et superpuissante), bave et trace lentement sa grammaire précaire, consciemment analphabète.
Julie Crenn