Christian Boltanski, immense artiste et professeur aimé des Beaux-Arts de Paris : « Je disais à mes élèves : si quelqu’un vous dit : T’es con, t’es moche, mais ta dernière œuvre est belle. Embrasse-le. Le reste n’a aucune importance. »
Un ami auquel l’Ecole doit beaucoup. Hommage
Christian Boltanski (1944 - 14 juillet 2021).
Reconnu comme l’un des principaux artistes contemporains français et sur la scène internationale, Christian Boltanski a été professeur aux Beaux-Arts de Paris durant 23 ans de 1986 à 2009 .
Son atelier était défini ainsi dans le livret des études de l’Ecole : « La philosophie de cet atelier, qui n’est en aucun cas un espace de fabrication, ni de technique, est celle d’un séminaire. Il s’agit d’un atelier ouvert aux échanges, au dialogue, à la parole : un lieu de débats et de discussions. »
Il commence à faire de la peinture en utilisant toutes les ressources de l’autobiographie et dans les années 1970 , il met en scène son double « CB » dans une approche fictive de son enfance, racontant des histoires qui peuvent se rapporter à tout le monde, inventant reliques et souvenirs. La fouille archéologique de la mémoire se poursuit avec les reconstitutions, les inventaires. Apparaissent ensuite les peintures murales, gigantesques séries de portraits d’enfants disposés côte à côte, les images modèles qui exploitent la neutralité du cliché banal. Puis il élimine de son œuvre son propre personnage et ce n’est qu’après les années 1980 qu’il affronte le souvenir de l’Holocauste.
Naissent alors ses impressionnants monuments, installations à l’aspect religieux et funéraires , où la lumière blafarde distillée par des bougies, ou des ampoules nues, laissant échapper une nuée de fils électriques, génère des ombres et brouille les visages anonymes, icônes ni profanes ni sacrées. Images de défunts, victimes ou oppresseurs confondus dans notre doute, accumulations de vêtements qui renvoient à l’absence : à travers l’histoire, parfois personnelle, l’artiste met en scène un « musée de nous-mêmes ».
Dès 1970, a lieu une première exposition personnelle au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris. Il a ensuite exposé régulièrement en France et à l’étranger. Consacré Praemum imperiale au Japon en 2006, sa dernière exposition personnelle a eu lieu en 2020 au Centre Pompidou « Faire son temps ».